mercredi 10 juin 2009

La maison de qui ?


Revenant d'un déplacement assez tard, je n'ai pas vu le début de Home lorsqu'il est passé à la télé. Je n'ai vu que le dernier quart d'heure, enchanté par la beauté des images et atterré par le catastrophisme du commentaire (« Il est trop tard pour être pessimiste. » ai-je entendu avant de réfléchir une bonne demi-heure à ce que cela pouvait signifier).

Mais, heureusement, Yann Arthus-Bertrand et Luc Besson avaient prévu ce genre de situation et s'étaient assuré que je pourrai quand même voir ce film indispensable en le mettant en libre accès sur internet. Par manque de temps, je n'en ai regardé pour l'instant que les premières minutes (de plus, ma connexion internet provinciale ne me permet pas une lecture très fluide en HD).

Mais ces premières minutes ont suffi à me poser une question essentielle sur le point de vue défendu par le film. En effet, le commentaire en voix off pose deux affirmations à quelques minutes d'intervalle qu'il est difficile de ne pas rapprocher :

« La vie, ce miracle de l'univers, est arrivée il y a presque quatre milliards d'années et nous, les hommes, il y a seulement deux cent mille ans. Pourtant, nous avons réussi à bouleverser cet équilibre si esssentiel à la vie sur terre. »

Je ne polémiquerai pas sur la question de la responsabilité de l'homme sur le changement climatique et veux bien accepter le présupposé de l'auteur. Mais quelques instants plus tard, évoquant l'origine de la vie sur terre, le commentaire continue :

« Miracle du temps : les formes de vie primitives existent toujours dans les sources chaudes du globe. Ce sont elles qui leur donnent leures couleurs. On les appelles des "archébactéries". Toutes se nourrissent de la chaleur de la terre, sauf une : la cyanobactérie ou algue bleue-verte. Elle seule a la capacité de se tourner vers la lumière du soleil pour capter son énergie. Elle est un des ancêtres majeurs de toutes les espèces de plantes d'hier et d'aujourd'hui. Cette petite bactérie et ses milliards de descendants vont changer le destin de notre planète : ils vont transformer son atmosphère. »

Et c'est là que la question se pose. Les cyanobactéries et leur descendants ont bouleversé l'équilibre si fragile de la planète en changeant son atmosphère. Pourquoi, dès lors, faudrait-il magnifier leur influence lorsqu'on conspue celle de l'homme ?

Serait-ce que la vie terrestre d'aujourd'hui serait vue comme meilleure ou supérieure à la vie d'il y a quatre milliards d'années ? Au nom de quoi ? Et en quoi, d'ailleurs, l'activité de l'homme devrait véritablement bouleverser la planète au point de rendre la vie impossible, elle qui a résisté, déjà, à tant de bouleversement, dont le changement d'atmosphère ?

Il est clair que ce qui est en filigrane n'est donc pas la défense de la vie terrestre, mais celle de la vie terrestre actuelle, celle que l'homme connaît. Ainsi, sous des apparences de défense de la nature, c'est une défense de la vision égocentrique de la nature que l'on perçoit.

Finalement, ce qui est défendu réellement, ce n'est pas la nature en soi, mais la nature qui permet à l'homme de vivre. Et c'est effectivement celle qui est importante. Mais le discours nous amène à croire que c'est la nature en tant que telle qu'il faut défendre, dont l'homme serait un parasite nuisible, une nature qui se porterait mieux sans l'homme.

Mais quelques soient les exactions de l'homme, ou presque, la nature, la vie même, lui survivra. Alors que craignent les écologistes comme Arthus-Bertrand ? Finalement, sans le dire vraiment et peut-être même sans se l'avouer eux-mêmes, ils craignent la disparitions des conditions qui permettent à l'homme de vivre.

Cette préoccupation-là est légitime, mais elle n'est pas annoncée comme telle. La nature est sublimée, quasi déifiée sans que ne soit avoué la véritable préoccupation écologique : préserver l'homme et ses conditions naturelles de vie.

Ce commentaire met donc bien en lumière les contradictions des écologistes fanatiques : sous l'apparence de la défense altruiste, voire auto-destructrice de la nature, c'est bien une préoccupation égoïste qui se fait jour.

La vraie écologie, elle, devrait s'employer à se soucier de la nature sans se voiler la face sur l'intêrêt qu'à l'homme de prendre soin de son environnement. Après tout, la vie pourra très bien s'accomoder d'une atmosphère sulfureuse. Mais est-ce celle qui compte ?

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